Les jours passent, la pression retombe, bientôt un mois s'est écoulé. Et le bonheur continue à se consommer sans aucune modération.
Le HTV fête son titre. En profite. Le partage. Distribue de la joie et des sourires à pleines louches. Sans calcul. Avec le coeur.
Maxim Eugène et ses copains n’en finissent pas de faire le tour des endroits branchés qui respirent le basket et surtout l’amitié. Ils se découvrent un public et des supporters dont ils ne soupçonnaient pas la passion. Ils ne peuvent plus faire un pas sans être assaillis de façon très sympathique par des fans aux anges.
Ils se pincent parfois pour être certains de ne pas rêver !
Il est vrai qu’ils ne passent pas inaperçus. Les gaillards sont athlétiques. Et l’armée de colosses et de géants habillés de tee-shirts bleus floqués HTV attire forcément les regards.
Depuis le soir du titre, c’est « bodéga for ever » ! Ce sont les fêtes de Pampelune version Hyères-Toulon ! Ces gars-là peuvent aller à Dax ou Vic Fezensac les yeux fermés, ils s’inscriront totalement dans le paysage. La compagne de Jean-Louis Borg, originaire de la région Sud-Ouest peut témoigner !!! Nous aussi !
Le Palais des Sports s’est vidé. Les souvenirs restent intacts. Les images tournent en boucle sur tous les réseaux. On voudrait que rien ne s’arrête, que tout recommence. On voudrait encore apprécier cette soirée qui avait le goût d’une sucrerie, d’un caramel mou de notre enfance.
Un moment nous avait complètement échappés, la dernière action de Théo Lefebvre. Les yeux déjà brouillés par les larmes, le coeur au bord de l’arythmie, les jambes flageolantes (c’est l’âge), nous n’avions pas apprécié à sa juste valeur la façon de toréer du meneur confisquant un dernier ballon, le regard bien clair attendant un écran de Quentin Losser, changeant soudain de rythme, provoquant le un-contre-un, dessinant un petit pont version Neymar avec sa main droite (lui, le gaucher) sur l’immense Paschal et offrant un caviar à Losser pour un dernier dunk rageur du géant de Carnoules transformant les tribunes en volcan version Etna ou Vésuve ! « Un pari que j’avais fait avec Justine, notre kiné, dans la semaine ! » Et en plus visionnaire !
La dernière fois que nous avions assisté depuis une tribune de presse à ce genre de scène surréaliste, c’était le 25 septembre 2000 lors des Jeux Olympiques de Sydney. Il y avait Laurent Sciarra sur le parquet, Alain Weisz sur le banc et Vince Carter avait atomisé Fred Weis du dunk du siècle et d’un autre monde en passant au-dessus de l’immense Limougeaud. Les 18 000 supporters du Super Dome étaient restés sans voix. « Carter mérite d’entrer dans la légende pour ce geste de folie. J’ai appris ce jour-là que les gens pouvaient voler. Hélas pour moi, je suis sur la vidéo ! » Respect pour le joueur de 2m18 lucide, devenu un remarquable consultant.
Dans un autre style, Théo et Quentin sont entrés eux aussi au panthéon des « fatigués » !
On vous dit que ces gars-là sont fous ! Mais tellement sympathiques et humains. Tellement attachants et sincères. Tellement naturels et équilibrés.
En neuf mois, ils viennent d’écrire la plus improbable des histoires. Ils viennent de prouver que l’on peut débuter une saison en jouant le maintien et terminer seul premier d’un championnat de 28 équipes ! Ils viennent d’exister dans un monde pourtant impitoyable qui n’aime pas les faibles. Ils viennent de prouver au Var entier que le basket a une vraie place dans ce beau coin de France et que le dieu RCT peut un peu partager de sa superbe. Il y avait d’ailleurs de nombreux rugbymen dans les travées cette saison pour apprécier l’aventure. Et ce sont des connaisseurs.
Alors Max, Théo, Niko, Quentin, Mo, Camille, Junior, Arthur, Mantvydas, Enki, Andell, Cliff, Igor, Oumarou, Thibault savourent leur bonheur et leur réussite. Ils n’ont aucun mal à entraîner Gaëtan Etienne, l’adjoint, Pierre, le sorcier de la prépa et William le dépositaire de la marque dans cette folle sarabande. Et ils sont très fiers de partager ça avec leur coach Borg enfin détendu après être monté dans les tours de l’exigence comme jamais.
Trois jours après le titre, ils étaient tous reçus en mairie de Hyères. Un vendredi soir, veille de vacances… la salle était pleine. Dans la rue, les voitures klaxonnaient en reconnaissant les héros, les portables crépitaient.
Jean-Pierre Giran en maitre des cérémonies ne cachait pas son plaisir. « Le club a traversé des épreuves mais s’est toujours relevé. Je le redis encore une fois, le basket a un vrai avenir à Hyères. Le football, le rugby atteignent des plafonds respectables. Le basket peut de nouveau tutoyer les étoiles. L’équipe de cette année est vraiment magnifique et nous le devons à la famille Dumas toujours présente et à ce Jean-Louis Borg magnifique coach revenu sur ses terres. Et puis il n’y a pas de grandes aventures s’il n’y a pas un grand président et avec Mathieu Perrymond nous avons trouvé la bonne personne. »
Dans la salle de l’hôtel de ville sous le charme, Jean-Luc Théry, un prédécesseur de la grande époque, pleure discrètement en silence des larmes pleines d’histoire avec un grand H.
Madame le Maire de Toulon, Josée Massi , est sur la même longueur d’onde. « Je ne suis vraiment pas une grande connaisseuse des choses du basket. Mais en quelques rendez-vous vous m’avez transporté dans votre aventure et je suis devenue une vraie supportrice. Vous offrez des émotions incroyables et j’espère vite revivre d’autres soirées comme celles-là. »
Le président Perrymond ne s’en cache pas. « Nous sommes partis de rien ou de pas grand chose au mois de juin dernier lors d’une rencontre à une terrasse chez l’ami David Cozette. Feuille blanche mais idées claires. Entre nous cinq, nous avons fait un pacte pour redonner ses lettres de noblesse à un club qui avait traversé des tempêtes et qui était même inscrit en Nationale 2. Nous sentions qu’il y a avait un vrai potentiel et une belle histoire à écrire et à remettre en forme. Nous savions que rien ne serait simple mais rien ne nous faisait peur. Nous savions aussi que l’on serait fidèles à nos idées et que l’humain serait au centre du projet. Aujourd’hui, ces basketteurs, ces champions ont gagné. Mais je peux vous dire qu’ils ont aussi grandi en tant qu’hommes. Et ça, c’est une fierté dont on ne se lassera jamais. Je n’oublie pas non plus les bénévoles qui sont d’une fidélité absolue et tous les éducateurs et les gamins du club. Quelle belle famille ! »
La conclusion, elle sera laissée à Jean-Louis Borg. Le coach emblématique. Il a rappelé en quelques mots précieux la difficulté du challenge relevé, la somme d’énergie dépensée, l’attention prêtée par tous ses garçons. Sur leur farouche volonté de croire en ce projet et leur détermination sans faille de le faire exister. Il a insisté sur l’improbable devenu réalité. Il a attiré l’attention des uns et des autres sur le fossé immense qu’il y a entre le National et la Pro B. Il a confirmé qu’il ne pouvait pas terminer sa carrière ailleurs que dans ce club et que c’était l’histoire de sa vie… Il a dit beaucoup de choses plus intéressantes les unes que les autres mais on ne peut pas vous les rapporter au mot près. Car on ne comprend pas le petit Borg illustré, le ton calme et apaisé, la douceur des expressions… quand on vient de passer une année face à un tourbillon remonté comme une pendule ou un coucou, exigeantissime sur chaque détail, directif au-delà de l’imaginable !!!
Mais que c’était bon finalement.
Quelques heures plus tard il était élu par ses pairs « coach de l’année » ! Toutes les composantes du basket français avaient choisi les mêmes bulletins tellement l’unanimité était évidente. Jamais un trophée n’a été aussi évident. Dans sa collection, sur les étagères de son salon, il aura peut-être (certainement) une place à part. Car derrière la somme de travail colossale, l’engagement, le sérieux, les compétences, il y a eu l’élégance d’un retour réussi sur ses terres. Jamais l’expression de « club de coeur » n’avait eu autant de signification.
Et comme ce mois d’avril ressemblait décidément à un arbre de Noël au mois de décembre, Théo Lefebvre et Quentin Losser ont été reconnus dans le cinq majeur de l’année ! Comment les jurés ont-ils pu ignorer Moses Greenwood, Max Eugène et Nikola Knezevic pour compléter une équipe qui aurait eu du sens ? Pour nous, c’était clair…
Les jours passent, le groupe savoure. Les entraînement n’ont jamais cessé même si l’intensité est descendue de quelques crans. Du coin de l’oeil, les champions regardent avec une certaine curiosité les autres clubs se déchirer pour aller chercher le dernier ticket de la Pro B.
Les dirigeants et le staff préparent déjà la prochaine saison. Accéder à un autre monde. Adieu la Fédération qui a félicité tout le club pour son année magnifique. Bonjour la Ligue professionnelle qui va accueillir de nouveau un HTV qu’elle a bien connu. Et qu’elle avait peut-être un peu vite oublié.
Toute une grosse machine est en route et se met en ordre de marche pour exister correctement à l’étage au-dessus. Le président Mathieu Perrymond contacte, structure, organise, conforte, muscle une entité qui va poursuivre ses rêves. Et faire briller des yeux.
Quelle leçon ! Quelle année ! Quelle réussite ! Quel avenir !
Il reste aussi un bon moment à vivre : la réception du trophée de champion. Encore un grand moment de partage prévu le 24 mai en Mairie de Toulon !
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