Stéphane Dumas, c’était écrit !

Le HTV a un nouveau coach pour vivre une fin de saison ébouriffante et palpitante. Et ce n’est pas un inconnu dans la maison ! Débutant, Stéphane Dumas a fait ses classes dans ce club avant de partir très tôt se construire une carrière XXL.
"Je me suis exilé à cause de William qui jouait au même poste que moi. J’étais plus jeune et il me semblait que l’avenir était bouché par des gens de talent comme lui… et je reviens trente ans plus tard grâce à lui, puisque manager général, il est venu me chercher en Espagne pour prendre la suite de Jean-Louis Borg !"
Une signature qui a du sens puisque Jean-Louis Borg voulait tourner la page coaching cet été avant de prendre un peu de recul plus tôt auprès du président Perrymond. Il fallait préparer l’avenir. L’actualité s’est accélérée.
A Limoges Stéphane Dumas avait alors découvert un autre monde, quitté son Var natal et passé quatre saisons au plus haut sommet. En particulier une année 2000 historique où le meneur de jeu s’est offert un triplé magique (championnat de France arraché à l’ASVEL dans le dernier match décisif, coupe de France, coupe Korac).
Une épopée qui est toujours dans toutes les mémoires des passionnés de la balle orange. Limoges traverse une vraie tempête financière, le club est en péril, les dirigeants aux abois. C’est souvent dans ces moments pénibles que s’écrivent les plus belles histoires.
Stéphane la partage avec Yann Bonato, Marcus Brown, Fred Weis, Jean-Philippe Méthélie et le regretté Thierry Rupert. Sur le banc, un personnage au front dégarni et à la queue de cheval, Dusko Ivanovic, une vraie pointure venant du Montenegro et un coach sans concession.
Après quatre ans de montagnes russes et de porcelaine cassée du côté de Limoges, Stéphane partira de l’autre côté des Pyrénées exercer son talent… et devenir le plus Espagnol des Français. (Avant de terminer à Bourg peut-être prématurément à cause de genoux abimés.)
Avec toujours autant de réussite. Le meneur de jeu est un leader technique, un créateur, un animateur, un inspirateur. Une élégance sur un parquet mais aussi un sacré compétiteur. Discret en parole mais costaud dans les actes. Un faux timide, un vrai champion.
C’est d’ailleurs dans la péninsule ibérique que Mathieu Perrymond, le président et William Dumas, le manager général, sont allés le chercher il y a quelques jours pour prendre un relais ô combien délicat, celui de Jean-Louis Borg. Pour une mission commando de dix matches, pour un sauvetage et un maintien qui est plus que jamais d’actualité mais tellement délicat à obtenir car plusieurs clubs se déchirent pour sauver leur peau. Pour relancer aussi une équipe qui n’a jamais abandonné mais qui est tout de même touchée par quelques défaites de quelques points.
Stéphane est arrivé discrètement. Il a observé le HTV contre Nantes avant de prendre les commandes à Rouen. Une poignée d’entraînements pour faire connaissance. Il parle français et anglais avec ses joueurs. Il pense probablement souvent en espagnol ! Il scrute, dirige, corrige. Il apporte quelques (re)touches. Il fait passer des messages. Il varie entre gravité, exigence et sourires. Il soigne des têtes cabossées par des résultats parfois inquiétants. Il a une âme de guérisseur. Il est devant une mission : celle de sauver le HTV de la descente. Il est impliqué au-delà de l’imaginable car il revient sur ses terres et dans son club. Tout sauf un hasard. Tout sauf quelque chose de gratuit. Il y a de l’affect derrière cette signature. De la mémoire et du respect quand on a porté ce maillot et que l’on revient dans sa famille au sens propre et au sens figuré.
Il s’est lancé dans ce challenge avec passion. Et avec tout son coeur. Décidément ce HTV ne laisse pas indifférent.
Stéphane, ce retour est un rêve ?
"Pas un rêve, plutôt une coïncidence et un cadeau du ciel ! Quand tu vois, de loin, le HTV remonter en Pro B avec Jean-Louis Borg, tu te dis que ce n’est pas ton heure à court terme. Et puis, les choses évoluent et quand tu reçois l’appel, tu n’as pas le choix. C’est le destin, c’est très spécial."
11 matches, un sprint terrifiant pour un sauvetage et un exploit ?
"Pas un exploit mais assurément un gros challenge. La Pro B est difficile, homogène, compliquée. Il n’y a pas un match facile et la hiérarchie est bousculée à chaque journée. Je sais par expérience que ça va être difficile mais je pense que l’on peut, que l’on va y arriver. "
Succéder à Jean-Louis Borg en cours de saison, ce n’est pas simple ?
"Non je ne le prends pas de manière négative. Jean-Louis a énormément travaillé, a été d’une exigence folle et le groupe en tirera toujours les bénéfices. Il y a l’ADN Jean-Louis dans cette génération mais c’est vrai que ce n’est pas simple de passer derrière un monstre du coaching. En plus j’ai tellement de respect pour celui qui m’a fait débuter dans ma carrière de joueur. C’est vraiment moins agréable que de passer derrière un inconnu. Mais c’est la loi du sport professionnel."
S’ajoutent aussi tes liens avec William et Aurélie Dumas ?
"William c’est plus qu’un cousin, c’est mon frère. Se retrouver est formidable et cela va bien au-delà du plan sportif. Will et Auré… (un ange passe)"
Un match en observation contre Nantes, un deuxième comme coach à Rouen, premières impressions ?
"L’équipe ne triche pas et montre de belles choses. Elle est traversée par quelques moments de doutes mais je sens que tout peut vite tourner. Les joueurs travaillent bien, ils sont à l’écoute. Ma première impression est qu’ils adhèrent à un nouveau discours, qu’ils ont le niveau pour réussir."
Quelle est ta philosophie du basket ?
"Je suis marqué au fer rouge par la culture espagnole. Un basket pensé, structuré, élaboré, pas que physique. Partager la balle, courir en attaque, défendre durement. Et toujours ensemble."

Tu arrives seul, tu formes un nouveau ticket avec Gaëtan Etienne ?
"Une superbe rencontre. Je le connaissais par William interposé, je ne suis pas déçu. C’est un gars qui connait bien le basket et c’est une belle personne passionnée et disponible."
Comment vois-tu cette fin de saison ?
"Je n’aime pas faire de pronostics. On va y aller match après match en pensant surtout à nous sans faire trop de calculs. Il faut aller chercher quelques victoires et ce ne sera pas simple car tous les clubs jouent avec un objectif. Aucun n’est en vacances"
Ton meilleur souvenir dans le basket ?
"Le triplé avec Limoges. On avait tellement travaillé avant d’être récompensé. On était presque dans le sacrifice. Il s’est créé quelques chose entre nous pour toujours. Le public et toute une ville ne nous ont jamais lâchés. Une année en forme d’apothéose."
As-tu un modèle de coach ?
Forcément en Espagne avec Porfirio Fisac que j’ai longtemps côtoyé dans le travail comme coach-adjoint et qui est un exemple et un ami. C’est lui qui m’a poussé à passer mes diplômes et qui m’a donné le goût de la transmission. C’est un exemple, un guide, un personnage inspirant.

Après Jean-Louis Borg, le HTV ne pouvait pas prendre un coach anonyme, un mercenaire, un "étranger". Stéphane s’inscrit dans une lignée des personnages qui ont une haute estime des valeurs locales et de son identité.
De Sanary à Hyères, de Galli aux Rougières, il n’y a qu’un pas et tellement de souvenirs. Sur le port, devant les pointus, Marc et Yves, les deux frères peuvent continuer à vivre leur passion à travers leurs deux fils.
Deux meneurs de jeu. Deux responsables. Deux dingues de basket. Il en faut des qualités pour faire vivre le basket dans le coin. Ils n’en manquent pas Stéphane et William. L’histoire continue. L’histoire est en marche. Elle aurait pu s’écrire hier, aujourd’hui ou demain. Ce n’était qu’une question de timing, c’était une évidence…

La plume d’Yves Mérens. Journaliste sportif pendant 40 ans (Var Matin, Nice Matin, La Dépêche du Midi, L’Equipe), il a suivi tous les grands événements du sport mondial. Reconnu pour sa connaissance du basket, il a été de nombreuses années le responsable de la rubrique avant de rejoindre le club comme dirigeant et mettre sa passion au service de la riche actualité et de la belle histoire du HTV.