Matéo Bordes, le grand talent de demain !

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Matéo Bordes est arrivé au HTV sur la pointe des pieds. Entre les anciens auréolés d’une montée de National et les recrues qui présentaient un curriculum vitae plus sérieux et consistant que le sien, il était le « jeune » sans expérience, avec tout à prouver.


Même son statut de grand Espoir du basket français ne lui donnait aucun confort et encore moins de droits. Il venait de signer professionnel trois ans à Cholet, un club sérieux rempli d’ambition de Betclic Elite et n’était que prêté une saison dans le Var pour avoir du temps de jeu et découvrir la rudesse de la Pro B. Le talent entre deux chaises !


Cholet avait aussi dans l’idée de le confronter à la méthode Borg, un coach exigeant, travailleur, directif et ne faisant jamais de cadeaux. Dans cette découverte d’un autre monde, Matéo Bordes avait tout à gagner. Une reconnaissance, une mise en lumière, une évidence d’un grand talent et une étape de plus dans une carrière jusque là bien menée vers le très haut niveau.


Il s’est heurté dans un premier temps au système. A la hiérarchie bien établie d’une équipe. A sa place, dans son secteur extérieur, il y a Maxim Eugene, le capitaine, Nikola Knezevic, le pistolero de la montée. Il y a encore Junior Ouattara qui rêve d’exister à ce niveau. Et le manager général William Dumas est allé chercher un Kayem Cleary annoncé comme une pépite et un shooteur hors pair. Embouteillage garanti. Place à conquérir.



Le milieu ne fait aucun cadeau au gamin qui s’occupe plus souvent du caddie à ballons et de la trousse à pharmacie que d’enfiler les paniers à trois points ! Un brin d’injustice. Une forme d’incongruité.


Lui qui était venu chercher de la confiance se heurte aussi au coaching sans cadeau d’un Borg ne passant aucune faute. Ni d’inattention ni d’engagement.


Les premières journées sont compliquées. Le temps de jeu très maigre. Les mots sont durs. Les oreilles sifflent. Matéo ne comprend pas mais s’accroche. « J’ai commencé par un test de dix jours. Ensuite, tout s’est très vite enchainé. Je n’avais pas 36 solutions et je tenais à jouer à un certain niveau pour continuer à progresser. Disons que je n’ai pas été déçu sportivement. L’ambiance était magnifique et on sentait des joueurs très soudés autour de la réussite de la montée. Humainement j’ai été formidablement bien accueilli par tout le monde et tout un club. »


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Né à Dax, le garçon a des valeurs. Au pays d’Albaladejo et de la corrida, du canard et des madeleines, de l’Armagnac et des cures thermales, sur les berges de l’Adour ce fleuve parfois en furie, on a du caractère. Et une certaine façon de pratiquer un basket très populaire dans ce beau coin de France. « C’est d’ailleurs par des copains que j’ai commencé cette aventure. Personne dans ma famille n’avait jamais marqué un panier ! Très vite, j’ai compris que la voie était belle. Qu’il y avait de la joie et du bonheur autour d’un gros ballon orange.»


Il fallait donc se raccrocher à quelques critères incontournables pour exister dans la tempête Borg. « C’est dur à vivre mais il a raison et je le respecte. J’ai eu des hauts et quelques « down » ! Mais au final il m’a permis de progresser surtout mentalement. Malgré les difficultés, je me rends compte aujourd’hui que c’était positif. J’avais besoin que quelqu’un me rentre dedans. »


Le début de saison du HTV est très décevant (5 défaites). Au milieu, Matéo galère. 5 points contre Rouen, 0 à Aix-Maurienne, 0 contre Poitiers, 0 à Caen, 0 contre Saint-Chamond, il est même absent pour la première victoire contre Denain.



La tendance s’inverse enfin ensuite. Après un rendez-vous en coupe contre Antibes et 7 points inscrits. « J’ai eu effectivement beaucoup de mal à entrer dans la saison. Je m’attendais à jouer plus, je m’interrogeais. Je n’étais pas loin de douter avant de me reprendre. Peut-être que c’était le fameux temps d’adaptation à vivre en arrivant dans un nouveau club. Petit à petit c’est revenu mais je manque encore de régularité dans les performances. »


Le Palais des Sports a mis un peu de temps aussi à apprécier l’attaquant brut de décoffrage. Celui capable de séries à mi-distance, celui qui possède un geste soyeux d’une pureté absolue. Celui qui ne déteste pas à aller planter un dunk dans le trafic avant de rugir toutes épaules gonflées, au nez des grands.


Le compteur a pris un peu de consistance. 18 points à Orléans, 11 contre Le Mans (coupe de France), 10 contre Chartres, 12 à Evreux, 13 au retour contre Orléans, 15 contre Pau, 14 à Châlons-Reims, personne ne doute plus de son potentiel et de ses standards. Borg l’a piqué. Les réponses viennent petit à petit.


Derrière le banc, en observateur avisé, William Dumas apprécie. « Je savais que c’était un des plus gros talents de l’équipe. Il lui manquait de l’intensité et la capacité à se faire mal. En attaque, il a tout. De l’autre côté du terrain, il faut qu’il apprenne à défendre durement, à se sacrifier parfois. Il découvre le vrai monde professionnel où les cadeaux n’existent pas mais je ne doute pas de sa réussite. »


Matéo a dû aussi s’adapter à une saison en dents de scie. Où l’effectif a beaucoup changé notamment dans sa zone. Après la blessure de Cleary, Mathis Keïta a été décalé sur son poste. Puis Zeke Moore a pris le relais. Avant que Shaun Willett n’occupe aussi le secteur. Pas besoin de faire les hautes études du basket pour comprendre que le HTV cherchait des armes et de l’adresse derrière la ligne !


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Pas de quoi décourager le numéro 8 qui a vu aussi en Stéphane Dumas une autre tactique qui lui convenait peut-être mieux. « En gagnant quelques matches importants, on s’est enlevé un peu de pression et on a pu évoluer avec un brin de confiance supplémentaire. Contre les gros, on a parfois joué les yeux dans les yeux et signé quelques belles victoires. La Pro B est devenue forte et d’un excellent niveau. Physiquement c’est top. Rien n’est facile pour un joueur offensif comme moi car personne n’hésite à mettre des coups ! Et puis il y a du talent partout… »


Matéo est un passionné. Il regarde des dizaines de matches à la maison. Il scrute les joueurs offensifs pour leur piquer quelques secrets. Il a un faible pour Bogdanovic. Et une admiration pour Steph Curry. Il a vraiment du goût le garçon ! Il rêve de Betclic Elite et pourquoi pas d’Euroligue un jour. Etape par étape, il construit sa carrière sans perdre trop de temps. L’équipe de France ? « A mon âge, les jeunes c’est terminé. Donc il me reste les A ! Cela reste un rêve mais si je n’y arrive pas, ce ne sera pas un regret. Par contre ne pas jouer en Betclic serait un échec. »



Matéo a découvert le Var, un endroit qu’il ne connaissait pas. « Un petit paradis ! Le nombre de coins formidables que j’ai tous les jours sous les yeux, c’est étonnant ! Et cette météo : quand il ne fait pas soleil, on s’inquiète ! Avec mon meilleur complice, mon chien Volt, on passe des heures à marcher dans des endroits incroyables. C’est un peu comme nos supporters au Palais : dès que l’on a la bonne attitude, ils sont derrière nous ! Les gens sont sympas.»


Il passe aussi beaucoup de temps au téléphone avec ses amis. « En bougeant beaucoup, c’est compliqué d’avoir des relations qui durent. Alors c’est le seul moyen de garder le contact avec ceux qu’on aime. Et puis ça me permet aussi de parler d’autres choses que de basket et c’est important pour l’équilibre de sortir un peu de la bulle ! D’aborder d’autres sujets. »


Matéo laissera beaucoup de bons souvenirs dans le coin. Pour son basket et pour sa gentillesse et son éducation. Pour son sourire aussi qu’il a réussi à faire reconnaitre après des débuts compliqués. « Contre Orléans à la maison, je crois que j’ai signé mon meilleur match. Mais c’était anecdotique car ce soir-là on a joué et gagné magnifiquement en équipe. C’était presque parfait et c’est peut-être notre match référence. » N’Diaye et Moore cloués au lit par la grippe, Keïta avec un mollet qui grince… et pourtant le HTV propose un basket en haute altitude et de grande intensité. « On a gagné ensemble et c’est la plus belles des récompenses ! »



Matéo Bordes

Né le 31 janvier 2004 à Dax (Landes)

1m95 - Numéro 8

Poste 3

Célibataire

Formé à Pau-Orthez

Espoir à Cholet

Prêté au HTV depuis l’été 2024

Appartient à Cholet


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rédigé par Yves Mérens

La plume d’Yves Mérens. Journaliste sportif pendant 40 ans (Var Matin, Nice Matin, La Dépêche du Midi, L’Equipe), il a suivi tous les grands événements du sport mondial. Reconnu pour sa connaissance du basket, il a été de nombreuses années le responsable de la rubrique avant de rejoindre le club comme dirigeant et mettre sa passion au service de la riche actualité et de la belle histoire du HTV.

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