Le bel élan du HTV

Un message sur le portable à 22h30 signé Vincent Masingue, icône varoise de la balle orange qui en connait un rayon !

« Une saveur rare et précieuse de gagner sur ce parquet. Bravo la Team ! »

Pau-Orthez, un lieu magique dans la grande histoire du basket français. Une salle qui a vu tellement de grands noms passés depuis le marché couvert de la Moutète d’Orthez jusqu’au magnifique palais des sports de Pau.

Des rencontres de championnat de France et européennes dorées et ciselées, hautes en couleurs et chargées des plus beaux symboles. Pierre Seillant, le président emblématique de tous les trophées. Larrouquis, Hufnaghel, Bisséni, Diaw, les Gadou, les Piétrus, Carter, Duquesnoy, Fisher, Henderson… la liste est longue comme une nuit d’hiver de ces pères Noël qui ont fait rêver tant de gamins élevés aux magrets et chanter tant de bandas.

C’est dans ce chaudron que le HTV a signé un exploit majuscule, retentissant et le plus beau résultat depuis son retour en Pro B.

Un match de titans. Un match de mammouths. Un match de géants !

Coach Borg et son fidèle Gaëtan Etienne peuvent être fiers du travail accompli. Ce n’était pas évident pour un promu aux moyens financiers limités mais fort de quelques belles trouvailles de se relever de cinq défaites pour démarrer la saison. C’était risqué mais obligatoire de changer la moitié d’une équipe pour espérer lutter à ce niveau. C’était marcher sur des œufs pour corriger un mercato qui n’avait pas complètement répondu aux attentes désirées.

A Pau, il a fallu faire sans Junior Ouattara touché musculairement et sans Daniel Sackey dont la cheville a grincé. Et il a fallu intégrer avec des pincettes le grand Hamady NDiaye encore bien loin de sa plénitude physique.

Borg a attendu cinq minutes avant de le lancer dans le grand bain. Le souffle court mais le regard clair, H55 a claqué deux dunks dont il a le secret sur ses deux premiers ballons. Comme pour se rappeler aussi au bon souvenir d’une de ses anciennes équipes. Après, le coach l’a géré aux petit oignons. 8 minutes pour renifler une équipe qui va lui convenir à merveille et pour prouver que le talent était toujours là.

Cela a donné un peu de temps de récupération aux guerriers Greenwood, Losser et Pouaveyoun qui ont montré aux Béarnais de quel bois ils se chauffaient en ce début décembre. On leur promettait l’enfer, ils ont dessiné une forme de paradis en haute altitude.

Autour d’eux, le ballet a été parfaitement rodé pendant trois quarts temps et demi. Le temps pour Lefebvre et Keïta de donner le tempo et de confisquer les ballons. Pour Knezevic, Eugene et Bordes de planter quelques banderilles dans une région où de belles faenas se dessinent encore sur le sable des arènes toutes proches.

Et pour Zeke Moore de jouer encore les Zorro ! Le tireur masqué, le funambule du trois points, le discret à l’adresse diabolique. A lui seul, il a envoyé tout Pau dans les cordes. Tranquillement, méthodiquement, calmement, il a éteint la salle et fait douter toute l’équipe adverse.

Un premier quart équilibré comme pour se rassurer (19-19) et pour exister voire instiller le doute. Une belle accélération avant la mi-temps pour poser les jalons d’un exploit XXL (42-33).

Des deux cotés du terrain, dans la peinture s’affichait la pub du casino de Pau. Mais c’était bien le HTV qui ramassait la mise.

33 points encaissés, le plan Borg était respecté à la lettre. Individuelle féroce, défense de zone chloroformante, tous les artifices d’un basket intelligent étaient de sortie. Le terrible Ledlum était réduit à enfiler quelques points de misère pour limiter une casse qui se faisait jour au fil des minutes. Le coach Michaël Hay avait tenté un coup de poker en le retenant sur le banc au coup d’envoi en compagnie de Pinault. Pas la meilleure des idées de la soirée !

Malgré un premier coup de mou dans la fin du 3ème quart, le HTV est toujours maitre de son destin. L’écart a grimpé jusqu’à +19 à la 27ème minute. Un gouffre. Un joli matelas. Une assurance presque tous risques. Rien ne laisse présager que le vent va tourner. Rien sauf peut-être quelques coups de sifflet ! Et une adresse qui va un peu s’évaporer à force de tirer sur tous les organismes. Comment en vouloir aux partenaires de Max Eugene qui ne calculent rien et se jettent sur tous les ballons avec tellement d’envie et de courage.

Des fautes ubuesques voire déplacées et tellement peu évidentes, quelques lancers perdus en route, des coups de hache très limites que les trois « directeurs » ont décidé de ne plus voir de ce côté là et voilà l’avance du HTV qui fond comme neige au soleil des Pyrénées.

Pourtant dans la tempête personne ne baisse la tête. Greenwood gobe deux ou trois rebonds avec beaucoup de hargne, transforme les derniers lancers francs et intercepte le dernier ballon à 4 secondes de la fin à 74-72.

Voilà l’histoire d’une soirée magique qui remet le HTV en ordre de marche et lui donne un bel élan après la large victoire contre Chartres.

Avant de prendre le bus d’un long retour nocturne, la lecture des autres résultats du soir met encore un peu plus de baume au coeur.

Oui Vincent Masingue, un succès à Pau cela a beaucoup de valeurs. Quelles que soient les époques…