Dumas, c’est un nom en lettres d’or dans le grand livre d’histoire du basket varois. Une épopée sur plusieurs générations. De Sanary à Hyères, en quelques dizaines d’années, que de belles histoires à raconter autour de cette famille.
Aujourd’hui, William en est le dépositaire. Mais l’histoire est loin de se terminer puisque les deux filles de William et Aurélie ont repris le flambeau Salomé d’abord et maintenant Zoé qui va rejoindre l’académie de Villeurbanne.
« William, confie son ami de toujours Jean-Louis Borg c’est un passionné du basket et un amoureux du HTV. Je le connais depuis tellement longtemps puisque je l’ai coaché en benjamins. C’est plus qu’un ami, nous avons une relation particulière et entre nous la confiance est totale. Quand je dis nous, j’inclus aussi sa femme Aurélie. Will, il a du coeur, des tripes, du courage à revendre. C’est un grand personnage et je lui tire un grand coup de chapeau pour l’ensemble de son oeuvre et pour toutes ses connaissances dans le monde de la balle orange. Sans lui, je ne serais jamais revenu sur le banc du HTV. »
William, c’est l’homme qui transforme les nuits étoilées de l’ancienne ministre des affaires sociales du gouvernement de Lionel Jospin, Martine Aubry en cauchemar !
Depuis sa mairie de Lille, la dépositaire des 35 heures de temps de travail hebdomadaire regarde avec incrédulité un passionné des choses du basket accumuler les missions au service du club de son coeur et probablement de sa vie ! Un stakhanoviste des temps modernes. Sans compter son temps, au mépris de toutes les règles en vigueur prônées par la loi et défendues par les syndicats, il croque la vie à pleines dents. La passion n’a pas de règles, elle se vit à cent à l’heure et 24 heures sur 24 !
William Dumas est un être doué d’un tempérament, d’un courage, d’une disponibilité, d’une envie de réussir, d’une fidélité à son histoire… comme on n’en fait plus.
Il est donc né dans une famille de basketteurs avec un ballon orange au fond du berceau, il a appris à marcher sur un parquet, il a fait ses premières passes avec les mains quand d’autres tapent dans un ballon de football avec leurs pieds, il a signé sa première licence avant de savoir écrire, il a gravi tous les échelons des équipes de jeunes, il s’est installé aux commandes de l’équipe fanion du HTV, il a connu toutes les joies et toutes les peines d’une belle carrière de joueur professionnel, il a respiré le basket comme peu de ses contemporains. Il est parti du club sur une fâcherie qu’il n’a jamais digérée mais a trop de pudeur pour en parler. Il est revenu ensuite se mettre à la disposition d’un club dont plus personne ne se souciait en bouleversant les codes de sa vie familiale et professionnelle.
La vie de William Dumas est un roman dont toutes les pages à lire sont plus belles les unes que les autres. Une vie entre tranquillité et exagération.
Aujourd’hui, au lendemain d’un titre de champion de France de Nationale 1, le président Mathieu Perrymond et les dirigeants, le staff de Jean-Louis Borg, les joueurs et coéquipiers de Maxim Eugène, les administratifs, les bénévoles, les partenaires, les gamins du club, les collectivités locales sont aux anges.
Mais ce n’est rien à côté de ce que ressent le plus Hyérois des enfants de Sanary !
Au dernier coup de sifflet des deux arbitres le soir de la finale contre Tours, William a été envahi par une sorte de folie et de joie extrême, le couvercle a sauté. Lui seul savait (et sa femme Aurélie) d’où le HTV revenait. Avec beaucoup de discrétion, celle-ci témoigne : « Je ne suis pas objective (!) mais je savais qu’il avait le talent pour relever ce défi dans un rôle de manager - général. Il y a beaucoup de stress dans son quotidien mais il aime tellement les autres. Il apporte une bonne humeur même dans les moments difficiles. »
De l’enfer, d’en bas, de l’anonymat… Toutes les portes s’étaient refermées sur le club mythique, tous les regards s’étaient détournés, tous les supporters maudissaient une histoire qui avait apporté tant de joie avant de s’envoler vers Paris et son basket américain. Il ne restait rien d’une belle vitrine abandonnée, déchirée, saccagée, abimée. Il ne restait que des souvenirs et heureusement beaucoup de gamins dribblant très loin des histoires de grands.
Un matin, le premier magistrat de la ville de Hyères, Jean-Pierre Giran, un passionné de sports lui aussi, a tapé à la porte du bar-restaurant tenu par la famille Dumas. « On va sortir le club de son marasme, on va écrire un nouveau chapitre du HTV et j’ai besoin de toi William ! On y mettra le temps qu’il faudra mais je veux revoir le club à son vrai niveau. Tu as toute mon aide et ma considération pour faire aboutir ce projet.»
D’un champ de ruines, d’une terre brûlée, en quelques années, William a dessiné un projet. Et l’a surtout fait vivre et mis en musique. Du matin au soir, du soir au matin, sans un moment de repos, avec très peu de jours de vacances, en sacrifiant tout pour refaire vivre une épopée. « Revenir, c’était une évidence. mais il a fallu quelques circonstances particulières pour tourner la page et se lancer dans une nouvelle aventure. Et puis heureusement que je ne me doutais pas de la charge de travail à accomplir !!! »
Alors il a foncé… comme d’habitude.
Le budget ? Très réduit. Envie de réussir ? Totale. Rebâtir, travailler, réfléchir, convaincre, bousculer ? Des idées fixes. Le programme est en place. La réalisation à venir. A toute allure quitte à brûler des étapes.
Comment ? En faisant tout et même plus.
Rayon sports ? Il trouve des joueurs, des pépites en composant avec les coaches. Avec une enveloppe très réduite, il fait des miracles. Il s’occupe de leur arrivée, de leur quotidien, de régler leurs problèmes. Il trouve les appartements, il en repeint certains. Il va chercher des nouveaux à l’aéroport au milieu de la nuit. Il livre les voitures. Il fait le lien avec la Fédération…
Il gère toute la logistique du Palais des sports. Les heures d’entraînement, les vestiaires, les tribunes, la buvette…
Une voiture mal garée sur le parking un soir de match qui empêche la sécurité d’intervenir ? C’est William qui gère.
Un kiné qui réclame des glaçons pour soigner une entorse ? C’est William qui ouvre les frigos.
Un arbitre mécontent de son accueil avant un match ? C’est William qui arrondit les angles.
Une panne à la sono ou à la table de marque ? C’est William qui dépanne.
L’organisation d’un déplacement dans tous les coins de France ? C’est William qui gère les plannings.
Les contacts avec l’équipe adverse ? C’est William !
La liste est sans fin et pourrait faire l’objet d’un livre. A rendre furieuse Martine Aubry !!!
Depuis toujours, l’homme n’a pas caché un gros caractère. Cela lui vaut beaucoup d’amis. Et autant d’ennemis et de jaloux. Mais il est entier et accepte la contradiction et l’opposition. Il défend ses idées, croit en sa bonne étoile. Respecte ses convictions. Trace sa route.
Où va-t-elle le mener ? L’histoire est en marche. Et elle est belle avec ce retour en Pro B.
L’arrivée du président Mathieu Perrymond est-elle un tournant ?
« Complètement. Il donne un côté professionnel assez nouveau et un vrai sens de l’organisation. Le club se structure et va continuer à se développer avec ses méthodes. Il a des idées qui vont faire du bien au basket. »
Et cela s’ajoute au retour de Jean-Louis Borg ?
« Il fallait le sortir de sa retraite, il a encore tellement de choses à donner au basket. C’est exactement le personnage qu’il nous fallait et je savais qu’il allait provoquer la réussite. Aussi vite ? Peut-être pas. Mais à moyen terme, j’en étais persuadé. Au début, j’ai été étonné par ses quelques doutes et son humilité. Mais la machine s’est vite mise en route et le résultat ne s’est pas fait attendre. Le HTV a le meilleur coach ! Et il forme avec son adjoint Gaëtan Etienne un sacré binôme. »
Un mot sur la saison dernière ?
« Juste incroyable. Un vrai rêve. Mais quand je pense à la somme de travail qui a été fournie, je me dis que c’est assez mérité. Je vais faire une confidence : cet été, tout seul, je me suis remis le match de la montée. J’en ai encore des frissons rien que d’en parler. Quelle émotion ! Quelle apothéose ! »
Il y a eu des moments décisifs ?
« Plusieurs fois, les joueurs sont allés chercher des victoires à la dernière seconde, sur un dernier tir. Mais quand ça arrive presque régulièrement, tu te dis que c’est mérité et que ce n’est plus de la chance. Jean-Louis les a poussés, leur a demandé plus que le maximum. Et au bout, la récompense. »
Le titre, la montée directe ?
« Cela fait partie de nos meilleurs souvenirs. Un peu comme ma première sélection chez les jeunes. Je dis nous car j’ai toujours tout partagé avec Aurélie, ma femme. Et puis cette montée en pro B c’est un juste retour des choses. Nous avons remis le club là où il devait être ! »
Le moment le plus fort ?
« Quand je me retrouve enseveli sous tous les joueurs au coup de sifflet final du dernier match dans un Palais des Sports en ébullition.. Je me suis dit qu’en quelques mois, on avait joué le premier match devant une poignée de supporters et le dernier devant un Palais comble et joyeux. Cela vaut tous les sacrifices du monde. Quelle communion ! »
Une étape délicate ?
« Le retour de Tarbes après une défaite d’un point. Un déficit terrible sur la ligne des lancers francs et le fait de ne plus avoir notre destin entre nos mains. Heureusement, le scénario est venu à notre secours avec la défaite des autres concurrents. Je me rappelle du silence dans le bus du retour depuis Tarbes. Et elle longue la route entre Tarbes et Toulon-Hyères ! »
Et maintenant ?
« Il faut continuer à travailler pour rester dans le monde professionnel. Structurer, développer, progresser. Le président recrute et met de bonnes personnes à tous les niveaux. Cela va peut-être un peu me soulager et me permettre de prendre un peu de recul. Pour apprécier tout le travail, pour vivre ma passion complètement. Avec Aurélie, on a mis entre parenthèses certains bons côtés de la vie pour nous consacrer à la famille et au HTV. Et puis j’ai envie d’avoir un peu de temps pour apprécier l’aventure et me dire que j’ai vécu trois montées avec trois coaches différents. Finalement, ce n’est pas rien ! »
Apaisé William ? Ne le croyez pas une seconde. Tout l’été, il a travaillé comme un « fou » pour bâtir avec Jean-Louis et Gaëtan une équipe compétitive. Pour peaufiner un projet avec le président et son équipe.
Le HTV nouveau va en étonner plus d’un.
La conclusion, on va la laisser au capitaine de l’équipe, Maxim Eugène. Un de ceux qui ont traversé avec William quelques tempêtes avant de découper les filets du palais comme le veut la tradition un soir de triomphe.
« William, il est toujours à 200% ! Il est passionné et passionnant. Plus c’est compliqué, plus on peut compter sur lui. C’est un peu mon papa dans le basket ! Si je devais le définir en un mot, je dirais qu’il est vrai ! »
Voilà c’est dit William, l’homme aux 1000 casquettes ! Un seul regret, Martine Aubry ne pourra pas offrir la médaille du travail, le Lille Basket a été rétrogradé en NM1 à la suite de problèmes financiers !!!
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