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Jean-Louis Borg comme une élégance !




Imaginez une seconde l’icône Greg Popovich quitter le banc de San

Antonio (NBA) pour retourner s’asseoir sur celui des Falcons Air Force,

l’Université de ses débuts !

Ou Vincent Collet tourner la page de l’équipe de France après les Jeux

Olympiques de Paris pour rejoindre Montivilliers où il a tenu dans les

mains sa première balle orange !

Improbable. Surréaliste. Saugrenu. Déphasé. Voire absurde.

C’est pourtant ce que vient de réaliser Jean-Louis Borg à 59 ans en

retrouvant ses marques au HTV. 18 ans après un départ qui avait laissé

quelques cicatrices et un profond goût d’injustice.

Après avoir connu tant de succès au plus haut niveau du basket

français, après avoir été élu meilleur coach de Pro A en 2014, après

avoir fait monter en élite les trois clubs qu’il a dirigés (Hyères-Toulon,

Vichy, Dijon), après avoir été l’adjoint de Michel Gomez en équipe de

France, après avoir été manager-général pendant 8 ans à Dijon, après

avoir envisagé de prendre une retraite bien méritée, il s’est replongé en

Nationale 1 dans le Var. En troisième division dans un monde inconnu,

lui le coach de l’élite. Dans son club de coeur là où tout a commencé

au début des années 80. Sur les traces de son passé, de ses racines,

de ses premières joies.

Certains parlent d’un pari audacieux voire un peu fou. D’autres disent

que cela ressemble au bonhomme qui a de la mémoire, de la

reconnaissance et qui cultive de vraies valeurs. Jean-Louis a trop de

pudeur et d’humilité pour afficher clairement sa position. Mais derrière

le coach démonstratif, exigeant, colérique parfois se cachent beaucoup

de sentiments, beaucoup d’émotion, beaucoup de fidélité, une

mémoire et une reconnaissance très présentes.

« Il n’y a qu’au HTV que je pouvais accepter de relever un tel challenge,

dit-il. C’est mon club de coeur, celui de ma jeunesse, celui des

premières fois. Celui où je me suis lancé dans l’aventure de ma vie. Je

me rappelle de tout comme si c’était hier. 25 ans dans cette famille où

tu débutes chez les jeunes et tu termines coach de Pro B et Pro A

pendant 11 saisons, cela ne peut pas s’oublier, s’effacer. Ou même

s’abîmer. »

C’est même gravé dans le marbre de ses souvenirs. A l’encre d’or.

Depuis le 1er août 2023, il a donc repris les rênes de l’équipe avec une

motivation, un charisme, un sérieux, une volonté, une exigence, un

sens du détail, une dureté parfois qui ne laissent aucun doute sur une

motivation extrême. Travail, travail, travail. Exigence, exigence,

exigence.

Et les résultats suivent. 15 victoires, 3 défaites à la fin du premier cycle,

cela donne une place de leader que personne ne prévoyait même les

plus optimistes ou les doux rêveurs. Et ouvre de nouvelles perspectives

pour 2024.

Jean-Louis Borg connait toutes les difficultés, les pièges, les

complexités du sport de haut niveau pour ne pas se laisser griser par

les résultats actuels et formidables de son équipe.

Mais comment ne pas rêver, être sous le charme, être séduit par ce que

réalise avec brio la bande de Maxim Eugène ? Bousculés, surpris,

interloqués, les partenaires du nouveau capitaine se sont interrogés

avant de complètement adhérer à la méthode et à la demande.

Devant le banc, plus démonstratif que jamais, plus motivé encore qu’à

ses débuts, habité par une volonté et une foi inébranlables, le coach

donne l’exemple et ne se ménage pas. Un pur bonheur à consommer

sans aucune modération. En parfaite communion avec un palais des

sports sous le charme et qui a oublié une parenthèse trop longue. Un

public qui ne supportait plus d’aller lire les exploits du gamin du club

dans les pages des journaux de Vichy et de Dijon, dans L’Equipe ou sur

les sites spécialisés basket ! Ou de le voir dans son impeccable

costume avec une cravate qui ne correspondait pas aux couleurs du

HTV !


- Jean-Louis comment et pourquoi as-tu pris la décision de revenir

au HTV ?

- Je connaissais les difficultés du club. Je savais qu’il venait d’être

relégué en Nationale 2, qu’il avait connu des galères et cela ne me

laissait pas indifférent. Par rapport à son histoire, à son vécu, il y avait

quelque chose à faire. Et aussi des amis à aider.

L’arrivée aussi d’un nouveau président et d’une nouvelle équipe de

dirigeants m’a fait basculer dans un challenge qui, honnêtement, n’était

pas prévu. Mais que je ne regrette pas.


- Revenir dans le club de ses débuts, ce n’est pas commun ?

- C’est en tout cas le seul endroit où je pouvais de nouveau m’installer

sur un banc. C’est mon club de cœur. J’y ai tout connu entre 15 et 40

ans et cela ne peut pas me laisser indifférent. Et si je pouvais être utile,

c’est en coachant. Je ne me suis pas mis de pression supplémentaire

et j’ai foncé.

- Il y avait néanmoins une part de risque ?

- Etre jugé, être scruté, être observé, cela fait partie du jeu. Mais ça ne

me fait pas peur, il faut l’accepter et c’est aussi un peu l’originalité et le

sel de ce métier.

- Dans quel état as-tu trouvé le HTV ?

- Je connaissais parfaitement l’ampleur de la tâche et les difficultés du

challenge à relever.

Mais j’avais la certitude et le sentiment que j’allais m’inscrire dans un

travail collectif et bien pensé. Mathieu Perrymond et son équipe ont fait

un travail formidable en six mois pour remettre le navire à flots. Cela a

beaucoup compté dans ma décision.

Et après quelques semaines, je veux aussi vraiment remercier toutes les

collectivités locales, départementales et régionales et les décideurs

politiques qui nous aident de façon incroyable.

Merci aussi à mon staff, aux joueurs, aux partenaires, aux bénévoles, à

tous les gamins qui sont la richesse de ce club. Tous les anciens qui

ont écrit les plus belles pages du club avec une mention spéciale aux

Dumas. Tous ensemble, nous pouvons faire de grandes choses, j’en

suis persuadé.

- Le HTV peut-il ou doit-il retrouver rapidement l’élite du basket

français ?

- Pour moi c’est évident. C’est un projet qui a du sens. Il faut

reconstruire et cela peut prendre un peu de temps. Mais nous devons

tous avoir cette ambition chevillée au corps pour respecter notre

histoire.

La vitrine, l’équipe première est inspirante. Mais je sais aussi que le

club va accorder beaucoup d’importance à la formation et c’est pour

moi une notion fondamentale pour réussir.

- Après la première phase et 18 journées, le bilan est magnifique ?

(15 victoires, 3 défaites)

- C’est franchement plutôt étonnant. Personne ne nous attendait à ce

niveau. On a construit une équipe avec peu de moyens mais avec des

profils de joueurs qui se complétaient, qui s’imbriquaient bien dans un

puzzle toujours compliqué à mettre en place. Et puis tout le monde a

adhéré à ma philosophie pour partager une belle aventure.


- D’où vient cette connotation de solidité défensive que présentent

toutes tes équipes ?

- C’est ce que j’appellerai l’expérience, les observations, les rencontres.

Je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de grandes équipes sans

les bases. Et que plus on était solides, plus on avait de chances d’être

aussi bon de l’autre côté du terrain. Pratiquer un basket de contrôle,

maitriser les situations, partager le ballon, c’est le Graal pour un

entraîneur.

Ce n’est pas un hasard si un de mes coaches préférés et qui m’a

beaucoup inspiré est Bozidar Maljkovic, le sorcier du CSP Limoges !

- Un voeu en ce début d’année ?

- La santé pour tout le monde. Et que tout ceux qui aiment le HTV

reviennent voir jouer cette équipe et prennent du plaisir au palais des

sports.

A titre personnel, je veux rester fidèle à mes idées pour voir jusqu’où

cela peut nous mener. Je reste persuadé qu’en travaillant beaucoup, on

va arriver à remplir nos objectifs.




En ce début d’année 2024, Jean-Louis Borg est de nouveau un coach

heureux et reconnu. Un homme de réussite et de montées. Un artisan

de belles histoires. Un créateur d’émotion. Un passeur de sentiments.

Il a toujours une admiration sans borne pour sa fille Estelle, la perle de

sa vie. Pour les plus grands personnages de l’Histoire avec un grand H

qui le passionnent. Il se rappelle toujours du poster d’Alain Gilles

scotché au mur de sa chambre de minot et cultive une belle complicité

avec Tony Parker (« il est venu voir le match du HTV contre Lyon

S.O. avant un rendez-vous d’Euroligue avec son ASVEL !»)

Il aime les bons fromages accompagnés d’un bon vin rouge. Si vous

voulez lui faire plaisir, invitez-le en préparant des pâtes à la carbonara

ou des lasagnes sans oublier un bon café pour terminer le repas qu’il

clôturera forcément sur la terrasse avec sa cigarette au coin des lèvres !

Cet amoureux du Var, de Hyères et de Toulon, de la mer et du soleil, du

Sud en général ne pouvait pas mettre un point final à sa carrière

autrement ou ailleurs.

Et le faire sous les couleurs du HTV, au milieu des siens, est une forme

d’élégance qui n’a pas de prix.

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