HTV : le palais des Grands Hommes !

Le HTV retrouve la Pro B après une saison incroyable, conclue par une victoire maîtrisée face à Tours. Dans un Palais des Sports survolté, joueurs, staff et supporters ont célébré un retour au sommet, fruit d'un travail acharné et d'une incroyable résilience. Merci, HTV !
Le mistral soufflait depuis deux jours sur le Var. « Alerte orange !» claironnaient les Gillot-Pétré de la météo moderne.
Le vent n’a pas faibli mardi soir. Seule la couleur de l’alerte a changé. Elle est passée au jaune et bleu ! Et les dieux ont reconnu les leurs !
Le palais des Sports de Toulon s’est enflammé, a vibré, a explosé.
4500 supporters en transes ont accompagné leur club en Pro B. Le soir d’un Barça - PSG à la télé intéressant toute la France sportive, le pari n’était pas gagné d’avance. Totale réussite. Grande fête.
Le HTV a donc battu Tours et de belle manière pour s’offrir le ticket d’une montée qui pèse des tonnes. De travail. De découverte. De sacrifices. De joies. De peines. D’engagement. De compétences… Le HTV a écrit une des plus belles pages de son histoire en retrouvant un niveau qu’il n’aurait jamais dû quitter sans l’appétit féroce d’un magnat américain et…
Le HTV a remis l’église au milieu du village et a démontré avec une force incroyable qu’il y avait une vraie passion pour la grosse balle orange au pays du RCT et pas trop loin de l’OM.
Le HTV a intéressé un public jeune et familial et a montré son désir de s’inscrire de nouveau dans une belle aventure.
Le HTV a prouvé que l’on pouvait renaitre de ses cendres et se dessiner un avenir.
« Le HTV est une marque » disait récemment le président Mathieu Perrymond. Elle va de nouveau briller dans le ciel varois et national. La porte de la Ligue professionnelle de basket s’est de nouveau ouverte devant le club représentant une des plus belles fusions de l’histoire.
Les clubs de Pro B vont de nouveau connaitre la fièvre des déplacements dans ce coin du sud. Le HTV va retrouver Antibes probablement, Fos-sur-Mer peut-être, tant le club de la banlieue marseillaise est en grand danger et même le Boulogne-Levallois qu’a quitté le phénomène Wembanyama pour faire carrière en NBA. Mais aussi Vichy, Orléans, Châlons-Reims, Pau-Orthez, Nantes, Denain, Evreux, Saint-Chamond le nouveau riche… un autre monde ! Des places fortes. Des identités. Des références.
Mais ça, c’est demain.
Le HTV profite du moment présent, déguste son bonheur, surfe sur sa vague. Va regarder les autres s’écharper dans des playoffs à rallonge. 16 clubs pour une dernière place. Une misère.
C’était dur mardi, de quitter ce parquet. De saluer tous les supporters. De profiter de ces moments rares. De partager avec des gens qui pleuraient et craquaient. De serrer tant de mains. D’embrasser tant de joues. De rendre les clés. De vider les casiers.
C’était dur de couper les filets des deux paniers comme le veut la tradition ! Avec des ciseaux moins aiguisés que les passes laser de Théo Lefebvre, que d’efforts de la part de Camille Jean et de Max Eugène pour conserver à vie un souvenir de bouts de ficelle !
Pour arriver à toucher ce paradis, le HTV a fait les choses dans l’ordre. En débutant bien, il s’est mis à l’abri d’une vilaine surprise. Greenwood et Losser ont marqué leur territoire.Tout muscles dehors. Toute roublardise dedans. Le capitaine Max Eugène a débuté son festival. Une défense acharnée, une attitude de guerrier, un comportement exemplaire et une mitraillette en bandoulière (19 points). Théo-le-métronome a connu quelques difficultés avant de présenter l’addition et de mettre les points sur les i dans les instants de vérité, dans le money-time disent les Ricains Du cinq majeur, seul Niko Knezevic a été loin de ses derniers standards. Ciblé et donc respecté qu’il est maintenant par toutes les oppositions qui ont découvert un vrai talent. Mais le sniper avait tellement donné depuis des semaines que tout était pardonné. D’autant que son investissement défensif n’attirait aucune critique.
Et puis Simon, Jean, Mintogo, Baradji et Cumberbatch ont apporté les relais qu’il fallait. Quel travail bien fait et bien pensé !
Quel équilibre d’une équipe souvent reine du yo-yo qui, pour conclure, n’a connu aucun moment de panique. 22 points, 24, 23, 23, score parfait en 4X10 minutes.
Il le fallait pour écarter et ôter toutes ses illusions à un Tours bien outillé. Le moindre relâchement et c’était la catastrophe assurée. Un petit moment de doute dans le dernier quart quand les visiteurs reviennent à 9 points. Le grand Paschal qui avait fait des misères au match aller poursuit son festival. Ce garçon aime le Var ! Heureusement son complice Touzé a été calmé par une défense de fer où aucune liberté n’était accordée.
La fin est proche mais le danger rode toujours. A ce moment précis, Borg détourne son regard de ses garçons. Se tourne vers le public et réclame son soutien… comme il sait le faire. La réponse est immédiate et les tribunes prennent feu. Ses joueurs répondent et s’envolent à l’image d’un Losser impérial, agressif et presque surnaturel. Rocky Balboa en live !
Les deux dernières minutes deviennent une voie royale. Un instant de communion comme jamais. Un moment d’extase, de célébration au rythme des tambours.
Le HTV est de retour. En Pro B, là où l’aventure s’était terminée en eau de boudin. La plaie a longtemps saigné. Elle est presque cicatrisée.
C’est un des immenses mérites de cette génération. Ces marchands de bonheur. Ces rescapés en qui peu de monde croyait.
« J’ai vécu de belles et de grandes choses dans ma carrière, avouait Jean-Louis Borg, la voix cassée devant ses joueurs attentifs. J’ai été exigeant. Cela n’a pas été tous les jours faciles. Mais la réussite est totale et vos résultats sont admirables. Cette aventure restera parmi les plus belles que j’ai vécues. Franchement c’était bien. »
Le rêve est devenu réalité.
Longtemps après le dernier coup de sifflet des deux arbitres qui ont été à la hauteur de l’évènement, longtemps après une célébration qui sera officialisée plus tard par la Fédération, longtemps après une dernière douche pour solde de tout compte, les joueurs et quelques amis se sont enfoncés dans la nuit toulonnaise. Des chants, des histoires, des souvenirs, des anecdotes, des yeux qui brillent, des voix en perte de décibels, des étreintes, bref toute la panoplie d’une équipe heureuse avec son titre.
Alors, avec ce groupe magique, au Palais des grands Hommes, on s’est dit « rendez-vous dans dix ans, même jour, même heure… c’est fou ce qu’un crépuscule de printemps rappelle le même crépuscule d’il y a dix ans… on a connu des marées hautes, des marées basses, comme vous, comme vous…c’est formidable les copains, on s’est tout dit, on se serre la main, on peut mettre 10 ans sur la table, comme on étale ses lettres au scrabble… devant une vitrine d’antiquités, j’imagine les retrouvailles de l’amitié ! »
Derrière ces mots, il ne manque que les notes de musique de Patrick Bruel. Mais dans les coeurs, dans nos coeurs, Théo, Max, Quentin, Nikola, Moses, Camille, Arthur, Junior, Thibault, Cliff, Mantvydas, Oumarou, Igor, Andell, Enki sont là aujourd’hui, dans dix ans et pour toujours.
Merci les Grands Hommes pour ce moment ! Merci la Team. Merci, merci et merci.

La plume d’Yves Mérens. Journaliste sportif pendant 40 ans (Var Matin, Nice Matin, La Dépêche du Midi, L’Equipe), il a suivi tous les grands événements du sport mondial. Reconnu pour sa connaissance du basket, il a été de nombreuses années le responsable de la rubrique avant de rejoindre le club comme dirigeant et mettre sa passion au service de la riche actualité et de la belle histoire du HTV.